La Maison ronde en péril
Au printemps 2017, la maison a été vendue par son dernier propriétaire comme bien meuble à un galeriste parisien. Ce dernier avait commencé à la démonter pour l’emporter. L’administration alertée a aussitôt fait stopper les travaux de démolition.
En avril 2018, cette maison exceptionnelle a fait l’objet à l’unanimité du jury de la commission régionale d’architecture et du patrimoine d’Occitanie (CRPA), d’une mesure d’inscription comme monument historique. Cette inscription est effective depuis le 17 aout 2018.
Malheureusement l’atteinte au bâti par le commencement des travaux de démolition à profondément altéré le monument. Il convient aujourd’hui de sauvegarder la maison de façon pérenne.

Sauvons une oeuvre unique
La maison de Mirepoix est un patrimoine insigne du XXe siècle, inscrite à ce titre sur la liste des Monuments Historiques depuis 2018.
Elle est conçue selon les techniques mises au point par les ateliers PROUVE, pour optimiser la durée des travaux et les coûts de construction. Toute sa vie, Jean PROUVE a cherché à simplifier au maximum les techniques de construction de la maison individuelle. Il a mis au point après-guerre de nombreux logements pour loger les populations dans l’urgence. En 1956, il répond à l’appel de l’Abbé Pierre pour loger les plus démunis et réalise un fameux prototype démonstratif sur les quais de seine à Paris. La maison, dite « maison des jours meilleurs », se monte en seulement quelques jours. Elle a un énorme retentissement.
La maison Ronde Fioretta de Mirepoix est réalisée par Serge pour ses parents d’adoption, oncle et tante, les Fioretta. Ils l’ont élevé après le décès de sa mère d’un cancer en 1955 et il est resté très attaché à eux. Les Fioretta vivaient dans une ferme traditionnelle sans confort, sans chauffage, sans salle de bain et sans eau chaude. Serge voulait leur apporter tout le confort moderne.
La maison sera construite en un été avec un minimum d’éléments : un même panneau bois sert aussi bien à faire les cloisons, les portes intérieures, les mobiliers et les plafonds. Il n’y a pas de charpente.
Un panneau sandwich isolé en métal émaillé blanc deux faces sert à la réalisation de tous les éléments de façades. Il n’y a pas d’autre structure porteuse, hormis le noyau central en maçonnerie qui sert à stabiliser et contreventer l’ensemble et qui abrite les services de la maison, salle d’eau, toilettes et chaufferie.
C’est une application du système des maisons Alba (façades en aluminium et noyau en béton armé) conçu par Jean PROUVE, auquel s’est rajouté les principes de constructifs des stations Total sur plan rond dont Serge BINOTTO était en charge chez PROUVE.
Le caractère extrêmement ingénieux de cette maison tient à la simplicité de sa mise en oeuvre et à la beauté des détails de réalisation. Les panneaux des façades sont assemblés aux panneaux de toiture en partie haute et à la dalle béton en partie basse, à l’aide d’écrous et de boulons.
La maison présente des innovations importantes pour l’époque. Bien avant le choc pétrolier, elle est isolée grâce aux panneaux de façades sandwich qui intègrent un isolant polyuréthane. Elle est pourvue de chauffage par le sol avec un système de serpentins à eau chaude. L’électricité est réalisée à l’aide d’une pieuvre déroulée en toiture sous l’isolant. L’étanchéité du toit terrasse est réalisée avec une membrane en butyle, les fenêtres sont de simples glaces à pivot, etc…
Les joints entre panneaux de façades sont réalisés en silicone, opération proscrite à l’époque en France - bien qu’autorisée aux USA - qui trouvera une application courante dans les années suivantes.